Portrait


Autoportrait Holographique

61x 50 cm 

Acrylique sur toile 

1984-85-86-87

Eviter le style qui enferme pour préserver une créativité multiforme. Telle est l’ambition de l’artiste peintre et sculpteur.e VEA XIRADAKIS qui poursuit cette façon d’envisager, et de vivre, en s’offrant un «polyvisionnisme» garant d’une liberté d’expression,  illimitée et indépendante.


Une personnalité plurielle qui cultive ses multiples facettes

Véa Xiradakis est née à Paris en 1946 sous le prénom de Béatrice et choisira, pour pseudonyme, le nom de jeune fille de sa mère, d'origine grecque, qu'elle accompagnera du diminutif hellénisé de son prénom le faisant passer de Béa à Véa, un prénom 'polyvisionniste' qu'elle s’invente et qui répond à la prononciation du B grec (qui se prononce V). 

"Véa… comme Voyage, écriture, art" se plait-elle à souligner : ses trois passions qu’elle vivra pleinement.

Xiradakis est un nom crétois. "Berceau de la civilisation", la Crète, sa toute première destination alors qu’elle est étudiante, lui a transmis l’amour du voyage, tout comme ce grand-père maternel qui quitte le pays à vingt ans pour prendre la nationalité française en épousant sa "marraine de guerre".

Sa mère a des souvenirs d’Afrique. La petite fille boit les souvenirs racontés : le lion qui rugit la nuit, le perroquet qui parle, le serpent qui se cache dans une malle… L’exotisme berce une enfance qui cherche déjà l’évasion, l’inattendu et trouvera bientôt chez le poète, écrivain et grand voyageur Saint-John Perse cette force de l’évocation, ce goût pour l’ailleurs. 

Ses années d’enfance ne sont pas des plus tendres. Sa mère dira souvent :«Avec toi, j’ai l’impression d’être une poule qui a couvé un canard». Alors Béatrice/Béa-triste s’invente un monde, à part… Le Voyage, l’Ecriture, l’Art seront ses refuges, définitivement : c’est ainsi que Béa se projette en VEA, dans une volonté farouche d’être "son propre enfant". VEA va digérer son passé, le transcender, le transposer dans ses multiples langues et langages : adopter le Voyage, comme changement permanent, l’Ecriture, comme compagne de solitude, et, l’Art, comme une évidence qui concilie et relie le tout. En 1965, malgré l’opposition familiale, elle quitte la Sorbonne pour préparer le concours d’entrée à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, mais devra travailler en intérimaire pour payer ses études : elle vit cependant son art et sa solitude comme saoulée par sa vocation créative. Aujourd’hui encore, les idées fusent en permanence, de jour comme de nuit : on pourrait dire comme une genèse perpétuelle, où idées, mots et musique composent ensemble pour une alchimie grandiose, comme prétextes continus à l’Art. «L’art est une explosion en soi», «Je me sens parfois comme un cosmos en expansion», «Le rien est pour nous impossible, ne plus être c’est déjà avoir été : nous faisons partie de l’univers, de la matière»... Si beaucoup sont dans la douleur pour créer, VEA plonge plutôt dans une exaltation qui pose le questionnement existentiel en regard critique de son propre travail : «Est-ce que j’utilise bien tout mon potentiel ?» et conclut : «On n’a jamais tout dit, tout compris. La mort nous dira autre chose...».  


De 1968 à 1978, le pseudonyme de VEA se construit… Voyage, Ecriture, Art

Après deux premières 'vacances', en Grèce et en Italie, c’est le grand départ inattendu vers l’Amérique du Sud : l’étudiante des Beaux-Arts abandonne à nouveau ses études pour répondre à l’invitation de sa sœur aînée installée à Buenos-Aires. Elle embarque pour une traversée de 17 jours, emportant dans ses malles, toiles, pinceaux, peintures, outils ... et son précieux mini-four à émaux, devenu son gagne-pain.  


Entre 1971 et 1973 - de l’Argentine au Brésil...

L’étudiante buissonnière séjourne une année à Buenos-Aires : le temps d’apprendre la gravure, à l’Academia Nacional de Bellas Artes, et de créer des bijoux en argent. La Galerie-Boutique Zingara, située dans la fameuse Avenida Alvear, intéressée par ses bijoux, lui passe des commandes régulières et obtient un article sur ses colliers d’argent émaillé dans le magazine CLAUDIA, le ELLE argentin de l’époque. En 1972, BEA part en bus et cars locaux rejoindre le Brésil et s’installera pour plus de deux ans à Copacabana, où de nouvelles activités la passionnent : la photographie, le dessin, l’artisanat ou encore la contribution à une Encyclopédie d’Art internationale, lui permettront de vivre en toute liberté ses multiples passions et aventures. C’est à Rio de Janeiro que BEA entreprend l’écriture de son premier roman : KAPINGA*, où il est question d’une île, d’une artiste, d’amour et de mort...


1973 - Retour #1 de Rio à Paris - Après trois ans et demi d’absence, BEA revenue à Paris pour terminer son manuscrit "Kapinga", le donne à lire, en premier lieu, à ses parents qui l’hébergent depuis son retour. Mais son père, n’appréciant pas du tout les libertés que sa fille s’est permis de prendre et encore moins son désir de les publier, lui intime de ne pas utiliser "Son" nom pour de tels écrits, et de trouver, au plus vite, un "vrai" travail... Son appartement n’est pas un hôtel ! Ses élans d’écriture violemment interrompus par son père, BEA se promet bien de ne jamais utiliser "son" nom pour toutes ses prochaines œuvres, quelle qu’en soit la nature, et choisira celui, bien plus exotique, de son grand père maternel, crétois, qui parlait sept langues, aux dires de sa mère... qui cependant la met en garde : ce nom étranger, difficile à prononcer, risque fort de ne pas lui porter chance...  " Peut-être...  mais il a le goût du voyage et de la liberté !"

Parlant quatre langues, la jeune femme se fait vite apprécier par la société d’Assurance-Voyage qui l’embauche depuis quatre mois et lui propose une mission de deux ans au Panama pour la création d’une succursale :  ce qui l’obligera à voyager aux USA et en Amérique Centrale... Les conditions financières proposées sont excellentes, pour ne pas dire inespérées, et lui permettront de faire les économies nécessaires pour accompagner, en toute indépendance, sa future carrière artistique...


1975 - Retour #2 de Panama à Paris -  Après vingt deux mois d’une mission bien accomplie au Panama, ses économies sont prêtes à lui offrir l’indépendance escomptée pour débuter l’aventure artistique tant désirée. Mais Paris est de plus en plus grise... et malgré son retour dans les ateliers de l’école des Beaux-Arts pour y réaliser quelques gravures, l’inspiration n’est pas vraiment au rendez-vous. Repartir, avant qu’il ne soit trop tard ! Réaliser au moins cet autre rêve de voyage : un tour du monde par les îles ... Au bord de la déprime, BEA repart vers l’Est, cette fois-ci, à la recherche d’une identité difficile à définir : sera-t-elle plus reporter qu’écrivain, plus photographe que peintre ? ou bien, tout autre, inattendue, résultat d’un hasard ... De Bangkok à Phuket, elle traverse la Thaïlande, la Malaisie, puis les îles de l’Indonésie qu’elle sillonne d’ouest en est, actionnant de jour, son Leica, et de nuit, écrivant son journal ... Pour quitter Bali, son passeport trop plein devant être renouvelé, l’oblige à retourner en France ou en territoire français. Le  choix est vite fait en poursuivant les îles ...  En vol pour Nouméa, une hôtesse de l’air tahitienne l’invite à l’accueillir en  Polynésie ... 


1976-1977 - De Bali à Tahiti : Retour...  à  la  Couleur

C'est en découvrant "les îles-sous-le-vent" que BEA retrouve le désir de peindre. Elle s'installe à Tahiti chez une enseignante "popa" dont elle partage le "faré", non loin de Papeete. Dix mois plus tard, ses vingt et un tableaux peints à l'huile sont exposés à la Galerie-librairie Hachette Pacifique, à Papeete, où le conservateur du Musée Gauguin lui achète une œuvre. En été 77, elle quitte Tahiti et boucle son tour du Monde en abordant la côte ouest des U.S.A : San Francisco, Los Angeles, Las Vegas, Grand Canyon, Mexique, Colombie, Équateur... puis elle rejoint le nord du Brésil avant d'atterrir en Europe pour les dernières escales....


1977-1978 - Retour #3 de Tahiti à Paris - Alors que Béatrice ne revenait à Paris que pour refaire ses malles et repartir s’installer définitivement, pour peindre, à Rio de Janeiro, ses amis parisiens, qu’elle vient de retrouver, la retiennent, la mettant au défi d'interrompre sa "fuite en avant ". Si c’est vraiment l’art qui l’intéresse,  c’est à Paris qu’elle doit faire ses preuves et tenter de trouver les moyens de vivre de son art. L’amitié ... et l’été indien, particulièrement doux qui l’accueille à Paris, en cette fin d’automne 1977 achèvent de convaincre VEA dont les ateliers sont passé de la rue de l’Ouest, à la rue Linois, puis d’Arcueil à Cachan et ils se trouvent  encore aujourd’hui, à quelques encablures de Notre Dame de Paris.



De  Béatrice... BLX...  à  Véa Xiradakis 

et de VEA XIRADAKIS  à  VEADAKIS ... 

 

VEA ...  comme  Voyage  Ecriture  Art  

un nom qui se polyvisionne et se décline tout comme les œuvres de l’artiste.


Les Expressions artistiques et techniques abordées depuis 1966 visent une dynamique permanente :

Dessin, gravure, photographie, peinture, céramique, bijou d’art, sculpture, fontaine... et aux abords du XXIème siècle : photo-pixellisme, installation multimédia, diapo-film, vidéo pixellisée, Tableau vidéo … Ses dernières œuvres pixellistes sont réalisées sur des supports innovants : aluminium brossé, dibond, backlight, film rhodoïd, ou encore cadre écran vidéo. 

Quête du mouvement désormais continu, d’un témoignage maintenu…


1976-1996  Peinture 

Onirisme, Surréalisme, Figuration Nouvelle, Expressionnisme, Polyvisionnisme ...

Abstraction lyrique, informelle, rétinienne, cloisonnée ...

Dès 1982, l'artiste amorce une démarche personnelle et originale qu'elle appellera Polyvisionnisme* et qu'elle développera tout d'abord en peinture puis, par le biais des nouveaux outils informatiques : une démarche qu’elle baptisera  Photo-Pixellisme* et poursuit depuis 1998.

Les TVB : Toiles Variantes découpées en Bandes, pour des propositions Variables 

Les T.3V :  Toiles-Vivante-Vidéo de Véa (une triple installation : un triptyque reconstitué, une Vidéo sur écran mate et un totem des reliques du triptyque découpé en bandes)

Polyvisions, Détournements de châssis, Totem-Peinture, Installations et Suspensions mobiles : toutes ses œuvres présentent une pluralité de visionnements.


1981-2001  Sculpture 

La figuration du corps nu, en majorité féminin, est, d’emblée, stylisée, tout d’abord imprégnée du surréalisme de ses premières peintures où l'on retrouve les corps lovés dans le sommeil qui vont s'éveiller et s'exprimer librement hors de l'œuf. 

Entre courbes, lignes tendues, angles et volumes, des formes qui s’opposent ou se concentrent :

Le Corps Originel , autour de l’ŒUF et du galet, poli par la mer-mère, s’inscrit dans l’oval et le cercle;

Les "Mégalipyges" , généreuses vénus telluriques s’inscrivent dans un triangle ; 

Le Corps en Mouvement, sous Tension : dans la série "Humour, amour et dérision", les membres des Rebelles se galbent et s’étirent jusqu’à la démesure et les Acrobates ont quitté leur socle pour défier nerveusement l’espace.

Le Corps mis en Pages : où l’allégorie du Livre, au travers du corps féminin, vient affirmer que l’accès à la culture mène à la liberté. 

Lignes, angles, courbes et rondeurs se rassemblent et s’entendent pour s’inscrire dans un livre terriblement charnel qui, aux dires ironiques de l’artiste, viendrait aussi résoudre le problème de la "quadrature du cercle"  


Véa n’est attachée à aucun matériau spécifique et choisit le matériau correspondant à sa volonté d’expression, pouvant se plier à sa démarche du moment : Travailler la terre, souder ou braser les métaux, monter le plâtre, ou encore, tailler le béton cellulaire qui lui permet d’exécuter, seule, de grandes pièces qui seront réalisées soit en bronze soit en "Carralithe" (résine noble fortement chargée de grains et de poudre de marbre blanc de Carrare).

Sculpture en bronze, Totem en Carralithe, colliers sculpturaux, pectoraux en bronze poli sertissant agates ou pierres brutes semi-précieuses, bijoux en argent, en or (marqué du poinçon de Maître de l'artiste), Fontaine-Sculpture en Carralithe et autres matériaux nobles de synthèse... toutes les sculptures de Véa Xiradakis sont des œuvres originales, pièce unique ou numérotée sur 8 et 4 EA (épreuves d’artistes).


Depuis 1998 - Photo-pixellisme 

Une nouvelle façon d’appréhender la photographie : le Photo-pixellisme se présente comme une démarche picturale informatisée, donnant naissance à des traitements inédits de l'image photographique, argentique, numérique ou numérisée, dont l’artiste "chahute fortement les pixels", à la recherche d’une jubilation chromatique, telle une impressionniste du XXIème siècle.


"Mes récentes réalisations pixellistes viennent en suite logique de mes premières "Polyvisions" picturales, puis sculpturales, qui remontent aux années 80 et que je poursuis depuis 1998 sur ordinateur. Toutes mes expériences artistiques de cadrages, de découpages, de déclinaisons de la couleur, puis de la forme, et plus récemment, mes recherches de transformation de l’image photographique avec les outils informatiques, m’ont amenée à associer plusieurs mots à ma démarche photo-pixelliste, aujourd’hui, sans références : l’intitulé de cette technique innovante ne figurant pas encore dans le dictionnaire."


” Dans l’espace de l’Univers, et de ses mondes, tangibles et intangibles, en perpétuelle évolution, il appartient à l’artiste de se répandre, de répondre et de correspondre à lui-même et à son temps.”


Textes composés  par

Valérie Julien  

à partir d’entretiens en direct avec l’artiste en 2024 

et d’écrits personnels de Véa Xiradakis

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