‘’Véa Xiradakis est de partout… Etudiante aux Beaux-Arts à Paris, graveur en Argentine, photographe au Brésil, écrivain au Panama, peintre en Polynésie… Elle est aussi de tous les temps. De retour en France en 1978, elle remonte les courants du surréalisme, de l’expressionnisme, de la nouvelle figuration et de l’abstraction. Au début des eighties c’est la découverte de l’imagerie informatique et de ses pixels, alors espèce rare. Une façon de voir les choses qui conduira aux "polyvisions" : la rencontre en un même lieu -la toile - de fragments, découpes, cadrages et points de vue différents comme autant de déclinaisons, contrastées et dissonantes d’un même sujet. On pourrait penser à la "polytonalité" de Darius Milhaud : là où le musicien réveillait les tympans assoupis, le peintre cherche, selon ses propres termes, à nous "faire sauter la rétine". Véa Xiradakis est enfin de tous les arts. Depuis plus de vingt ans, le sculpteur chez elle le dispute au peintre. Une sculpture apaisée, nourrie de volumes pleins, traversée de lignes souples, qui relève à la fois de la féminité épanouie et d’un "corps mis en page". Comme de juste, la grande rétrospective qui lui est consacrée à Levallois se tient à la galerie de l’Escale : rien de plus naturel pour une artiste dont chaque oeuvre n’est qu’une étape d’un voyage au long cours…’’ 

                           texte de Didier Lamare - Juin 2004